Maintenant que tout est détruit nous pouvons enfin commencer à penser et à aimer.
poésie
Extraits étiquetés avec : poésie
Commencer à penser et à aimer
page(s) 146Un amandier en fleur qui vient à notre rencontre
Ils marchent en projetant devant eux, à moins d'un mètre, l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes : leur âme arrogante ou craintive leur ouvre le chemin. Le saint est celui qui avance précédé par la seule idée qu'il se fait de Dieu – un amandier en fleur qui vient à notre rencontre.
page(s) 143Le monde serait sauvé
Si nous avions le dixième de l'attention qu'a le chat pour le vol de la mouche – le monde serait sauvé.
page(s) 142Suivre les mouvements subtils de l'éternel
La France au dix-septième siècle se couvre de mystiques comme un sous-bois de primevères. Le quiétisme donne d'aussi belles lumières que le jansénisme. C'est une manière pour l'âme de se tenir à distance d'elle-même, indifférente à son salut autant qu'à sa perte, soucieuse uniquement de suivre les mouvements subtils de l'éternel. Coller à Dieu et non à soi – Dieu n'étant que la paix qui descend comme une manne sur ceux qui n'attendent rien, ne veulent rien, n'empoignent rien. Le quiétisme est la nonchalance des anges.
page(s) 119Les vrais secours
La main d'une brise qui rebrousse le duvet sur le ventre d'un moineau, l'eau qu'un soleil enflamme dans un verre, une phrase dans un livre, vaillante comme une petite fille sautant à la corde : les vrais secours ne sont jamais spectaculaires.
page(s) 114Les racines du ciel
L'honnêteté et la patience sont les racines du ciel.
page(s) 104Quelque chose d'inguérissable
Il y a quelque chose d'inguérissable qui traverse chaque vie de part en part et n'empêche ni la joie ni l'amour.
page(s) 90L'évidente catastrophe
L'évidente catastrophe où vit chacun de nous prépare des grâces inouïes.
page(s) 81Paradis & enfer
Il n'y aucune différence entre le paradis et l'enfer.
page(s) 76Quelle que soit la personne que tu regardes
Quelle que soit la personne que tu regardes, sache qu'elle a déjà plusieurs fois traversé l'enfer.
page(s) 75Une armure sans défaut
L'armure sans défaut de la joie.
page(s) 69Une vue imprenable sur le paradis
De n'importe quel endroit on a une vue imprenable sur le paradis.
page(s) 64Un paradis dont la porte est ouverte
Toutes nos pensées reviennent à chercher la clé d'un paradis dont la porte est ouverte.
page(s) 53Ne pas faire vivre le mal
La sainteté c'est juste de ne pas faire vivre le mal qu'on a en soi.
page(s) 45D'erreur en erreur
On vole d'erreur en erreur jusqu'à la vérité finale.
page(s) 44Rire
Le maçon montait son mur comme un poète écrit son poème, en prenant soin de chaque détail. La joie du travail en train de se faire ensoleillait son visage. « Un jour, dit-il, j'ai vu un rat énorme sortir d'une maison que je rénovais. Il était si laid que j'ai éclaté de rire. » Ce rire faisait de lui un sage. Le diable fuit de n'être pas pris au sérieux.
page(s) 41Un enfant de chœur de la lumière terrestre
Laver une assiette ou éplucher un légume c'est devenir un enfant de chœur de la lumière terrestre.
page(s) 40Des lacets d'enfant mouillés
Les plus graves problèmes ne sont que des lacets d'enfant mouillés : plus on tire dessus, plus on les rend impossibles à dénouer.
page(s) 39Cette étrange gaieté
Cette étrange gaieté sans laquelle rien de vrai ne peut se faire.
page(s) 38Je me suis rappelé soudain que j'étais vivant
Dans la station d'essence mitraillée par la giboulée, attendant que se remplisse le réservoir de la voiture, je me suis rappelé soudain que j'étais vivant et la gloire a d'un coup transfiguré tout ce que je voyais. Plus rien n'était laid ni indifférent. Je connaissais ce qui était retiré aux agonisants. Je le goûtais pour eux, je leur offrais silencieusement cette splendeur effrayante de chaque seconde. Au loin, sur la route argentée par la pluie, un grand chien noir pétrifié, de profil, comme découpé dans de la tôle, attendait qu'un ange fracasse le monde.
page(s) 36-37