Christian Bobin

Portrait de Christian Bobin

Mais que vient donc faire Christian Bobin (né en 1951) au beau milieu de ces maîtres de méditation ? Pour le méditant que je suis, sa façon de ne pas discriminer entre le morne et le sublime, de rester quoi qu'il en soit ouvert et de se voir par là-même soudain traversé de fulgurances, c'est le plus simple et bel enseignement qui soit.

Quand le gris de la vie me cerne et menace de m'engloutir, j'attrape un Bobin et me cale entre deux oreillers. Empruntant un instant le regard qu'il pose sur les scènes d'une vie pas moins grise, aussitôt rafraîchis mes yeux retrouvent la lumière et je reprends léger mon bonhomme de chemin.

Contribution dans

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Poison & antidote

Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote.

page(s) 34
• Tout pour la beauté

Regardant sa robe déchirée par des semaines de vagabondage, Ryokan dit : « Rien dans ma poche. Tout pour la beauté du vent et de la lumière. J'ai dû faire une erreur dans ma carrière. »

page(s) 20
• En finir avec la mort

L'amour est une manière violente d'en finir avec la mort et ses raisons.

page(s) 72
• Le point d'émerveillement et de sidération

L'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir.

page(s) 28
• Le plus long voyage

Ils sont partout sauf en eux, ces gens qui font le tour du monde. Le plus long voyage que j'ai fait, c'était dans les yeux d'un chat.

page(s) 41
• Ne pas faire vivre le mal

La sainteté c'est juste de ne pas faire vivre le mal qu'on a en soi.

page(s) 45
• Juste à s’émerveiller

L'étirement du chat est un livre de sagesse qui s'ouvre lentement à la bonne page.

L'ombre et la lumière glissant sur les moustaches du chat, pourquoi me touchent-elles tant ? C'est comme si pendant une seconde j'avais tout compris de la vie en regardant ces barreaux de soie noire et blanche et qu'il n'y avait rien à comprendre, juste à s’émerveiller de jours aussi purs sous un ciel aussi léger.

page(s) 27
• Une hémorragie éternelle de présent

Le futur n'existe pas dans l'enfance. Il n'existe pas plus dans l'enfance que dans le sommeil ou l'amour. Il n'y a ni futur ni passé dans la vie. Il n'y a que du présent, qu'une hémorragie éternelle de présent.

page(s) 34
• N’être rien

Incline-toi devant celui qui a tout raté pour s'être émerveillé de tout.

N’être rien, peu y parviennent. On dit qu'ayant tout trouvé en lui, au plus blanc de la montagne de son cœur, aux neiges éternelles de son sang, ayant trouvé plus que tout, Ryokan est redescendu se mêler aux simples et aux perdus. Il ne leur faisait pas la morale et ne leur parlait pas des dieux. La silencieuse intelligence qu'il avait de la vie se communiquait à tous comme une guérison virale.

page(s) 35-36
• Les racines du ciel

L'honnêteté et la patience sont les racines du ciel.

page(s) 104
• Des lacets d'enfant mouillés

Les plus graves problèmes ne sont que des lacets d'enfant mouillés : plus on tire dessus, plus on les rend impossibles à dénouer.

page(s) 39
• Paradis & enfer

Il n'y aucune différence entre le paradis et l'enfer.

page(s) 76
• Tout à la fois noir et pur

C'est une chose que tu m'as apprise, mon âme. Tu m'as appris beaucoup de choses. Tu m'as d'abord enfermé dans ton rire comme un écolier dans la classe au mois d'août, puis tu m'as rendu au monde avec pour devoir de l'écrire comme il est : affreusement noir en dessus, miraculeusement pur en dessous.

page(s) 127
• Notre trésor

Devant ce qui te blessait le plus, tu commençais par éclater de rire. Tu n'es plus là mais j'ai retenu ta leçon, aujourd'hui je l'écris ainsi : « Dans ce qui prétend nous ruiner, grandit notre trésor. »

page(s) 18
• J’aime ceux qui aiment

Je n'aime pas ceux qui parlent de Dieu comme d'une valeur sûre. Je n'aime pas non plus ceux qui en parlent comme d'une infirmité de l'intelligence. Je n'aime pas ceux qui savent, j’aime ceux qui aiment.

page(s) 33
• Arrimés au réel

L'époustouflante vertu contemplative des tout-petits : ils sont arrimés au réel. Rien pour eux de négligeable.

page(s) 62
• Le temps qui s'entasse

Le temps passe désormais sans vous, c'est-à-dire qu'il ne passe plus. Il s'entasse.

page(s) 87-88
• La seule réponse au désastre

La seule réponse au désastre est de le contempler et de tirer une joie éternelle de cette contemplation.

page(s) 182
• Je disparais quand j’apparais

Monsieur le forestier, les arbres, chose inhabituelle, se taisaient. Aucun bruit dans la forêt, sinon le poème inlassable d'un ruisseau, sa petite voix claire : « Je disparais quand j’apparais. »

page(s) 27
• Lutte avec l’ange des ténèbres

Chaque jour est une lutte avec l’ange des ténèbres, celui qui plaque ses mains glacées sur nos yeux pour nous empêcher de voir notre gloire cachée dans notre misère.

page(s) 49