[C]eux que l'on regarde s'en vont vers leur mort, donc s'éloignent de nous même quand ils ont l'air de s'en approcher, tout s'en va, depuis le début s'en va. Ce n'est rien de désespérant, cette pensée. C'est une pensée simple. Elle ne retient pas d'aimer, au contraire. Elle me fait même chanter en cet instant.
mort
Extraits étiquetés avec : mort
Tous s'en vont vers leur mort
page(s) 115Sauter de seconde en seconde
[P]arfois, chaque seconde qui passe peut vous amener la mort ou la joie pure d'y avoir encore échappé – jusqu'à la seconde suivante où tout recommence. Je décide d'utiliser chaque seconde comme ça. Utiliser n'est pas un mot heureux : je décide d'aller d'une seconde à l'autre comme on saute d'un rocher au suivant, pour traverser une rivière profonde. Éclaboussée, rafraîchie. Jamais noyée.
page(s) 35Mourir et renaître à chaque souffle
Suzuki Roshi disait : « Soyez simplement disposés à mourir maintes et maintes fois. » Que chaque souffle expiré puisse être la fin de ce moment et la naissance de quelque chose de nouveau.
page(s) 119 (13 - Enseignement pour la vie et pour la mort)La fraîcheur du moment présent
L'ermite médite constamment sur le fait que la mort est certaine, mais que son heure est imprévisible. Qui sait, de la mort ou du lendemain, qui viendra le premier ? Lorsqu'il allume le feu le matin, il se demande s'il sera encore là le lendemain pour en allumer un autre. Lorsqu'il expire l'air de ses poumons, il se considère fortuné de pouvoir inspirer à nouveau. Conscient de l'impermanence des choses, il pratique avec assiduité.
Ainsi, le temps qui passe ne se dilue pas dans une distraction confuse et n'est pas noyé dans le flot des émotions perturbatrices : chaque instant vaut son pesant d'or et rapproche le pratiquant de la nature ultime des choses. La fraîcheur du moment présent nourrit le cœur du méditant de qualités bienfaisantes.
page(s) IntroductionDonner le maximum
On va « claquer » dans quelques années, c'est une chose certaine. Que restera-t-il de nous ? Rien ou pas grand chose. Voilà une invitation à savourer la gratuité. Il n'y a pas de sens à l'existence. […] La vie est purement gratuite. Il faut plutôt se demander comment je peux donner le maximum de tout ce que je suis aujourd'hui.
page(s) 82Que la mort n'ait presque rien à prendre
Il y a deux attitudes possibles devant la mort. Ce sont les mêmes attitudes que devant la vie. On peut les fuir dans une carrière, une pensée, des projets. Et on peut laisser faire – favoriser leur venue, célébrer leur passage.
La mort dont nous ne savons rien posera sa main sur notre épaule dans le secret d'une chambre ou elle nous giflera dans la lumière du monde – c'est selon. Le mieux que nous puissions faire en attendant ce jour est de lui rendre sa tâche légère : qu'elle n'ait presque rien à prendre parce que nous aurions déjà presque tout donné.
page(s) 73L'angoisse découle de la dualité sujet /objet
Qu'a expérimenté le Bouddha ? Suivant la légende, il fut très tôt tourmenté par le problème de la naissance et de la mort. C'est l'héritage de la manière indienne de penser car l'esprit indien se soucie du cycle de la naissance et de la mort ou, comme on dirait aujourd'hui, de la scission sujet-objet.
Lorsque nous sommes confrontés à cette bifurcation, lorsque sujet et objet s'opposent l'un à l'autre, il en résulte angoisse, anxiété et peur qui nous affectent tous en Occident, et pas seulement en Occident mais dans le monde entier.
page(s) 58-59L'angoisse de néantisation du moi
L'angoisse semble avoir pour cause la crainte de l'anéantissement du moi. Il est vrai que ma seule certitude est qu'un jour je vais mourir. Les états qui accompagnent l'angoisse semblent être en rapport avec la néantisation du moi, laquelle est quotidienne. En effet, il suffit que l'autre ne soit pas d'accord avec moi, que n'arrive pas ce que moi je veux, que se présente ce que moi je ne veux pas, pour avoir l'impression que mon moi est néantisé.
page(s) 18Nous mourons et nous ne mourons pas
Au bout d'un certain nombre d'années nous mourrons. Si nous pensons seulement que c'est la fin de notre vie, ce sera une compréhension erronée. Mais si, d'autre part, nous pensons que nous ne mourrons pas, c'est faux également. Nous mourons, et nous ne mourons pas. Voilà la compréhension juste.
Il faut apprendre à voir
Il faut apprendre à voir. Or nous ne le savons pas et, pis encore, nous ignorons notre propre cécité. Nous vivons à l'écart de l'ampleur, refusant la mort et par conséquent la vie. Refusant la douleur et par conséquent la vraie joie.
page(s) 9Voir l'impermanence
Pour Patanjali, seul l'homme qui a développé vivéka, la discrimination, peut percevoir cette douleur universelle conséquente à l'impermanence. L'homme ordinaire est trop impliqué, trop identifié au courant du devenir pour en prendre conscience. […]
Dans notre société qui ne vit que pour le corps et sa perpétuation, l'impermanence est devenue de plus en plus cachée, inaccessible. […] Nous organisons notre vie comme si elle était définitivement stable et la mort est perçue comme un scandale absolu. Lorsque nous nous résignons à elle, c'est précisément de la résignation et non une acceptation pleine et entière.
page(s) 37La cause de la naissance est aussi celle de la mort
[C]e n'est pas que les phénomènes soient d'abord produits par la cause particulière qui les fait naître, pour être ensuite amenés à se désagréger par la rencontre d'une autre cause qui entraînerait leur destruction. La cause de leur production est elle-même la cause de leur destruction. Lorsqu'une chose naît, elle porte déjà en soi son caractère périssable. Ceci signifie que la cause qui les a produites se transforme à chaque instant en cause de leur destruction.
page(s) 71