Shunryu Suzuki Roshi (1904-1971), maître zen de l'école Sōtō – donc dans la lignée directe du maître Dōgen –, fut avec Chögyam Trungpa l'une des hautes figures de l'introduction de la méditation aux États-Unis.
Issu d'une famille très modeste, son père était déjà abbé d'un temple zen. Il commença la pratique à l'âge de douze ans par une session de cent jours et fut ordonné novice le jour anniversaire de ses treize ans. Son maître le surnommait « Concombre tordu » ! Il étudia pendant un temps avec un maître Rinzai, pratiquant les koan. À l'âge de vingt-deux ans, il fut ordonné moine et reçut la transmission du dharma.
En 1927, âgé de vingt-trois ans, il rencontra une occidentale qui avait été la professeur d'anglais d'un certain nombre de personnalités chinoises et japonaises. Cette femme au départ condescendante finira par lui demander de lui transmettre zazen, ce qui sera pour lui une révélation de sa destinée : l'ignorance des Occidentaux vis-à-vis du bouddhisme peut être corrigée.
En 1929, il devint abbé du monastère en remplacement de son maître. En 1930, il fut diplômé de philosophie zen bouddhiste. Puis sa formation continua aux célèbres temples zen Sōtō Eihei-ji et Sōji-ji.
En 1959, à l'âge de 55 ans, il arriva à Soko-ji, à l'époque l'unique temple zen de San Francisco. À cette époque des beatniks, et grâce entre autres aux livres d'Alan Watts, il y avait aux USA un intérêt croissant pour le zen. Les conditions étaient ainsi réunies pour réaliser son rêve déjà ancien de transmettre aux Occidentaux.
Le San Francisco Zen Center se développa tellement qu'en 1966 fut achetée la propriété qui accueillerait le Tassajara Zen Mountain Center, l'un des premiers monastères bouddhistes en Occident, dont Shunryu Suzuki devint naturellement l'abbé. Il voyait dans l'enthousiasme de ces nouveaux pratiquants occidentaux plus de promesses de retour à la source que dans la pratique quelque peu figée de certains de ses compatriotes au Japon.
Shunryu Suzuki aura marqué par une attitude dépourvue d'ego (il disait de son homonyme Daisetz Teitaro Suzuki : « Le grand Suzuki, moi je suis le petit ! »). Dans ses causeries, il n'est presque jamais question de satori. Il enseignait par l'exemple un zen ordinaire : simplicité et générosité.