malheur

Extraits étiquetés avec : malheur

  • Le bonheur, faux universel

    L'amour, lui qui sert à dire aussi bien le désir de possession que le don surabondant de soi-même, qui est son opposé, à la fois l'érôs et l'agapé, a eu besoin du statut mythique que lui a conféré l'Occident (« l'Amour ! ») pour asseoir son unité forcée.

    Or, de même, le « Bonheur », servant à dire aussi bien la chance que la béatitude, réclame-t-il un statut d'idéalité pour imposer sa fausse consensualité, voire son prétendu statut d'universel. De là que son manque de rigueur fait sa faveur ; ou que la confusion du terme est ce qui fait sa commodité, jusqu'à le légitimer. Car ne sert-il pas à couvrir – à noyer sous son autorité – ce qu'on craint le plus peut-être d'avoir à penser ?

    Ne faudrait-il pas d'ailleurs commencer par porter au sein du mot le soupçon ? Ce terme de bonheur n'est-il pas d'emblée suspect pour ce qu'il fige et fend à la fois ? Pour la fixation qu'il impose en bloquant sous son unité le cours du vécu ; et pour le forçage qu'il opère en scindant, de façon antinomique, « bonheur » et « malheur ». Car, en se dressant contre le « malheur », le « bonheur » fait perdre à la fois la cohérence et la continuité qui font le tissu indémêlable de nos vies.

    Couverture de De la vraie vie
    page(s) 96-97
  • La dimension du cœur

    [J]'ai découvert que la véritable origine du malheur était toujours un blocage affectif de la joie. Sous le stress, la fatigue et l'insatisfaction, il y a toujours des peurs paralysantes, des colères réprimées et des tristesses refoulées le plus souvent depuis l'enfance. Sous la timidité, la culpabilité, la honte, la haine ou la mésestime de soi, il y a toujours un besoin de retrouver le chemin du plaisir, de l'amour et de l'enthousiasme.

    Le bonheur est un affect. C'est donc sur le plan affectif – la dimension du cœur – que la guérison physique et spirituelle doit s'opérer pour que le corps accède à sa plus puissante santé et que l'esprit s'éveille à sa plus grande sagesse.

    Couverture de L’expérience du bonheur
    page(s) 25-26
  • Oscillant entre le désir et la peur

    L'homme oscille entre le désir et son négatif, la peur : peur que la vie nous impose ce que nous ne voulons pas, peur que la vie nous refuse ce que nous voulons, peurs conscientes et peurs refoulées se manifestant sous des formes déguisées et mensongères. Le disciple qui vient trouver un maître vit dans ce monde de l'ego qui est celui de l'attachement à toutes sortes de facteurs extérieurs à lui dont dépendent aujourd'hui son bonheur ou son malheur.

    Couverture de Les chemins de la sagesse
    page(s) 28
  • Humanité partagée

    Chaque fois que le malheur nous frappe, regardons autour de nous et prenons conscience de tous les moments difficiles que d'autres endurent également. Lorsque nous nous sentons seuls, déprimés ou en colère, laissons ces humeurs sombres nous relier aux souffrances de nos semblables.

    Nous partageons tous la même réactivité, la même cupidité et la même résistance. En faisant le souhait que tous les êtres puissent être libérés de la souffrance, nous nous libérons de notre cocon, et la vie devient plus vaste que le seul « moi ». Que notre existence soit sombre et triste ou joyeuse et exaltante, nous pouvons cultiver un sentiment d'humanité partagée.

    Couverture de Il n’y a plus de temps à perdre
    page(s) 24-25
  • Le malheur n’est pas un mal

    D'une manière tout à fait générale, il y a malheur toutes les fois que la nécessité, sous n'importe quelle forme, se fait sentir si durement que la dureté dépasse la capacité de mensonge de celui qui subit le choc. C'est pourquoi les êtres les plus purs sont les plus exposés au malheur. Pour celui qui est capable d'empêcher la réaction automatique de protection qui tend à augmenter dans l'âme la capacité de mensonge, le malheur n’est pas un mal, bien qu'il soit toujours une blessure et en un sens une dégradation.

    Couverture d'Amitié
    page(s) 34
  • Le malheur ne suffit pas, il faut un malheur sans consolation

    Pour atteindre le détachement total, le malheur ne suffit pas. Il faut un malheur sans consolation. Il ne faut pas avoir de consolation. Aucune consolation représentable. La consolation ineffable descend alors.

    Remettre les dettes. Accepter le passé, sans demander de compensation à l'avenir. Arrêter le temps à l'instant. C'est aussi l'acceptation de la mort.

    « Il s'est vidé de sa divinité. » Se vider du monde. Revêtir la nature d'un esclave. Se réduire au point qu'on occupe dans l'espace et dans le temps. À rien.

    Se dépouiller de la royauté imaginaire du monde. Solitude absolue. Alors on a la vérité du monde.

    Couverture de La pesanteur et la grâce
    page(s) 20
  • Vivre sans attente

    Lorsqu'en de rares moments nous n'éprouvons ni le besoin d'être aimé ni celui de ne pas être aimé, nous pouvons nous laisser aller à être nous-même et en ressentir un sentiment de liberté. Nous cessons alors automatiquement de nous contraindre, de nous rapetisser ou de vouloir grandir.

    Vivre sans attente ne signifie pas se résoudre à la passivité. À l'inverse, cela libère le geste. L'action peut alors naître du goût d'être soi-même et de s'exprimer. Toute attente, tout désir élève une barrière entre soi et le monde. Nous ne sommes plus avec ce qui est, nous sommes avec ce que nous pensons devoir être.

    Être en bonne santé, ne pas être malade, être joyeux, ne pas être triste, faire de l'argent, prospérer, ce sont des attentes. Et ces attentes nous empêchent de réagir simplement à ce qui nous arrive. Au fond, il n'y a rien de psychologique dans tout cela, au contraire, notre personnalité psychologique complique parfois le tout. Vivre sans attente nous permet de faire ce qu'il y a à faire et c'est tout. Nous ne nous plaignons pas de ce qui nous arrive, nous n'avons pas d'idée préconçue de ce qui doit arriver ou ne pas arriver. Le malheur vient, nous faisons ce qu'il y a à faire. Le bonheur est là, nous en profitons au maximum.

    Couverture de La guérison du cœur
    page(s) 249-250