Montaigne

Extraits étiquetés avec : Montaigne

  • Une expérience du corps propre

    Le monde connu, en cette itinérance [l'auteur fait une virée à moto autour de chez lui], ciel, montagnes, vallées, est une expérience du corps propre, lequel inclut sa monture mécanique. Ce que l'on attendait des lumières de la philosophie, en vain, s'obtient tacitement dans le monde qui s'éprouve. La lumière de la pensée n'éclaire rien, ou si peu, quand il s'agit du vivre.

    Laissons Sartre et Merleau-Ponty dans leur salon bourgeois, à leurs cogitations sur la couleur rouge du tapis, sur l'en-soi d'un bibelot posé sur la console de marbre, assis dans leurs fauteuils profonds.Vos vases en porcelaine montés sur socle, messieurs, vos statuettes de bronze, ne sont que des cadavres.

    Les philosophes qui savaient monter à cheval et tirer à l'arc avaient une prise sur le vivant du réel, qui s'est perdue depuis Montaigne. Ils le savaient aussi, les maîtres d'Extrême-Orient, que le corps et l'esprit marchent ensemble. Que ce qui vient en situation d'idées pertinentes transite du corps vers la pensée comme une émergence.

    Couverture de Ma vie dans les monts
    page(s) 27-28
  • Le bouddhisme perçu comme philosophie

    Pour beaucoup, l'essence du bouddhisme consisterait en un singulier refus de toute forme de révélation et de métaphysique, ce qui le rapprocherait de la philosophie. Le bouddhisme serait un moyen d'aider à vivre ou « d'apprendre à mourir » (selon le mot de Montaigne à propos de la philosophie), non un moyen d'accéder à un au-delà de la raison, une transcendance, comme se définit la religion. […]

    Certains s'efforcent de dépasser les deux termes (religion ou philosophie) de l'alternative en utilisant les mots de sagesse ou de spiritualité. Pour d'autres, le bouddhisme est une sagesse, une philosophie empreinte de tolérance. Pour d'autres encore, c'est avant tout une morale fondée sur la compassion. En réalité, il s'agit toujours d'affirmer, sans avoir l'air d'y toucher, que le bouddhisme n'est pas une religion, ou du moins que ses aspects proprement religieux sont secondaires.

    Couverture de Le bouddhisme
    page(s) 36-37
  • La tourbe des menus maux

    Sur la Voie de la technique, les illusions du Moi, par lesquelles nous croyons pouvoir masquer nos angoisses et maintenir un pseudo-confort physique et intellectuel, seront nécessairement bousculées. La Voie de la technique est un chemin de vérité. L'homme devient sage lorsqu'il accepte la maladie, lorsqu'il accepte la vieillesse, lorsqu'il accepte la mort et qu'il accepte ce que Montaigne appelle « la tourbe des menus maux ».

    Couverture de La sagesse exercée
    page(s) 21-22