Jack Kornfield

Portrait de Jack Kornfield

Jack Kornfield (né en 1945) est américain. Après un doctorat de psychologie clinique en 1967, il est parti vivre plusieurs années au sein de divers communautés pour y recevoir les enseignements Theravāda des moines de la forêt en Birmanie, en Inde et en Thaïlande, où il a été ordonné moine par son maître Ajahn Chah.

De retour aux États-Unis en 1972, il a créé en 1974 avec Sharon Salzberg et Joseph Goldstein dans le Massachusetts l'Insight Meditation Society pour y transmettre la méditation. Il a ensuite fondé en 1981, en Californie, le Vipassana Spirit Rock Center où il enseigne toujours. Il est co-fondateur avec Tara Brach du Awareness Training Institute qui transmet des pratiques de pleine présence et de compassion et certifie des instructeurs.

Lignée Kornfield

Quelques ouvrages

Quelques extraits

• Nous tourner vers ce qui en nous est blessé

Les moments difficiles ne sont pas seulement dus à des événements extérieurs, c'est souvent notre propre état d'esprit qui nous cause le plus de souffrance. […]

Souvent, notre stratégie initiale consiste simplement à fuir. Mais, hélas, nos problèmes nous suivent. De manière paradoxale, l'une des meilleures façons de guérir de trahisons affectives et d'abus, de préjudices, de maladies et de traumatismes, c'est de nous tourner vers ce qui en nous est blessé. […]

Il importe de nous souvenir que le parcours menant à la guérison ne consiste pas toujours – du moins pas seulement – à surmonter les difficultés dont nous faisons l'expérience ou à bien nous en remettre.Il exige parfois que nous apprenions à accepter les choses telles qu'elles sont[.]

page(s) 15-16
• Sous notre carapace, la bonté originelle

[C]hacun de nous a rencontré des situations inquiétantes qui l'ont amené à dissimuler sa noblesse innée. Et tout comme la population de Sukotai avait oublié le bouddha en or [dissimulé sous une couche protectrice de terre], nous avons, nous aussi, oublié notre nature essentielle. La plupart du temps, nous agissons en nous basant sur cette couche de protection. Le but premier de la psychologie bouddhiste est de nous aider à voir sous cette carapace et à laisser émerger notre bonté originelle, c'est-à-dire notre nature de bouddha.

page(s) 34
• La porte du sacré

[P]our que l'universel se déploie dans notre vie spirituelle, il doit être uni au personnel. Nous sommes des êtres humains, et la porte humaine qui mène au sacré est constituée de notre propre corps, de notre propre cœur et de notre propre esprit, du passé dont nous provenons et des relations et situations les plus intimes de notre existence. Si la compassion, la justice et la libération ne peuvent prendre vie en nous-mêmes, où donc le pourraient-elles ?

page(s) 25
• Cultiver le respect

Qu'elle soit pratiquée dans un monastère de la forêt ou en Occident, la psychologie bouddhiste commence par la volonté délibérée de cultiver le respect, en premier lieu le respect de soi-même. Quand nous apprenons à nous établir dans notre propre bonté, nous pouvons voir plus clairement celle d'autrui. À mesure que notre sens du respect et de l'attention se développe, il nous devient bien utile dans les circonstances les plus ordinaires. Et dans les cas extrêmes, il se révèle inestimable. […]

Quand nous respectons et honorons ceux qui nous entourent, nous ouvrons une voie d'accès à leur propre bonté. Cette vérité, je l'ai perçue en travaillant avec des prisonniers et des membres de gangs. Lorsqu'ils rencontrent quelqu'un qui leur témoigne du respect et de l'estime, cela leur donne la capacité de s'admirer eux-mêmes, d'accepter et de reconnaître ce qui est bon en eux.

page(s) 43
• Une nouvelle vie toujours en train de grandir

Que notre souffrance soit due à un cancer, un divorce, un deuil ou un conflit, « celui qui sait » comprend que c'est uniquement dans le présent que nous pouvons guérir. « Celui qui sait » a le courage de reconnaître comment sont les choses et d'en prendre soin, d'aimer et d'avoir confiance, quoi qu'il advienne. Derrière toute maladie, perte et mort, « celui qui sait » voit la réalité plus large. La sagesse sait que, même si nous avons peut-être le sentiment que notre vie ou celle de quelqu'un d'autre s'achève, une nouvelle vie est toujours en train de grandir en nous et autour de nous.

page(s) 22-23
• L'éveil ne peut être détenu par qui que ce soit

Suzuki Roshi disait […] : « À vrai dire, il n'y a pas d'individus éveillés mais seulement une activité éveillée. » Cette affirmation remarquable nous indique que l'éveil ne peut être détenu par qui que ce soit. Il existe simplement en instants de liberté.

page(s) 24
• L’éternel présent

L'instant présent est tout ce que nous avons ; il est la porte d'accès au véritable calme, au refuge source de guérison. La seule place où nous pouvons aimer, guérir ou nous éveiller est ici et maintenant, l’éternel présent.

page(s) 22
• Un moment exceptionnel

Un maître de méditation [se] souvient […] : « Les gens parlent de moments exceptionnels. À la fin de ma toute première retraite de méditation… Eh bien, ce fut un jour entier exceptionnel. Après une semaine de grandes souffrances, de frustrations et de luttes considérables, le dernier jour, les couleurs des arbres le long de la route semblèrent étinceler de lumière ; mon cœur était ouvert comme la mère du monde. Je sentis que je pouvais embrasser la totalité de la vie, toutes les choses que je voyais baignaient dans un amour naturel. Tout paraissait naturel et pur. Je savais qu'il en était toujours ainsi même lorsque je l'oubliais. Cela ne dura pas mais inspira mon cœur à continuer. »

page(s) 59
• Trouver le calme pour entendre les voix du cœur

Dans presque toutes les démarches spirituelles, la première tâche consiste à se calmer suffisamment pour arriver à entendre les voix du cœur et percevoir ce qui se trouve au-delà de nos préoccupations quotidiennes. Que ce soit par la prière, la méditation, la visualisation, le jeûne ou le chant, nous devons sortir de notre rôle habituel et de nos journées affairées vécues en pilotage automatique. Nous devons trouver le moyen de devenir réceptifs et ouverts.

page(s) 55
• Celui qui sait

Si, alors que vous êtes en pleine crise, vous tenez votre attention éveillée, vous allez commencer à sentir en vous-même une conscience témoin, une présence pleine de sagesse, que l'on pourrait nommer « celui qui sait ». Cette « présence connaissante », c'est la conscience elle-même, et elle est là, en vous, à chaque instant de votre vie, même lorsqu'elle semble avoir complètement disparu. Même dans les moments les plus pénibles d'une maladie ou d'un deuil, dans vos dépressions et chagrins les plus profonds, lors de vos peurs et défis les plus graves, celui en vous qui sait veille toujours, calme et lucide. Il est dans l'acceptation de l'événement. Au-delà de la situation immédiate, il perçoit quelque chose de beaucoup plus vaste.

page(s) 20-21
• Mieux vaut aller jusqu'au bout

Un jour que le maître tibétain Chögyam Trungpa arrivait en retard, comme à son habitude, dans une salle de conférence bondée de San Francisco, il offrit de rembourser toute personne ne souhaitant pas rester. Il avertit les nouveaux venus que le véritable chemin spirituel était difficile et exigeant, qu'il impliquait « une humiliation après l'autre ». Il suggéra donc à ceux qui avaient des doutes de ne pas se mettre en route. « Si vous n'avez pas commencé, il vaut mieux ne pas le faire », dit-il ; puis regardant la salle avec insistance il ajouta : « Mais si vous avez commencé, il vaut mieux aller jusqu'au bout. »

page(s) 54-55
• Nos difficultés font partie de la pratique

[C]e que mon maître proposait en premier lieu [, c'était] une manière de vivre, un chemin d'éveil, d'attention, de soumission et d'engagement, travail de toute une vie. Il offrait un bonheur qui n'était pas tributaire des circonstances transitoires du monde mais qui découlait du processus conscient et difficile de notre propre transformation intérieure.

En entrant au monastère, j'avais espéré laisser derrière moi la souffrance de ma vie familiale et les difficultés liées au monde mais, à l'évidence, elles m'avaient suivi. Il me fallut plusieurs années pour comprendre que ces difficultés faisaient partie de ma pratique.

page(s) 19
• Nous oublions qui nous sommes vraiment

[S]ouvent, nous accordons tellement d'attention à nos couches protectrices de peur, de dépression, de confusion et d'agressivité que nous oublions qui nous sommes vraiment.

page(s) 39
• L’enfer de la comparaison

En nous comparant sans cesse à un idéal impossible, un idéal selon lequel nous « devrions » ressentir et agir de telle et telle façon quand nous sommes face aux difficultés, nous ne faisons qu'ajouter à notre souffrance.

page(s) 24
• Notre capacité à être libres

Je désire que nous découvrions le pouvoir qu'a notre cœur de contenir toute chose – peine, solitude, honte, désir, regret, frustration, bonheur et paix –, et que, où que nous soyons et quoi qu'il nous arrive, nous ayons profondément confiance en notre capacité à être libres au milieu de tout cela.

page(s) 27
• La souffrance familiale, voie du sacré

La voie d'accès au sacré la plus fréquente est notre propre souffrance et notre insatisfaction. D'innombrables démarches spirituelles ont commencé par la rencontre des difficultés de la vie. Chez les maîtres occidentaux, la souffrance vécue dans leur famille pendant l'enfance est un point de départ assez commun : parents alcooliques ou violents, grave maladie, perte d'un proche, froideur distante des parents, conflits entre les membres d'une famille, toutes ces choses reviennent fréquemment dans leurs témoignages.

page(s) 32
• La spiritualité n'est pas évitement

Depuis que j'ai commencé à enseigner, j'ai constaté qu'un grand nombre d'élèves avaient une conception erronée de la vie spirituelle, espérant s'en servir pour échapper à leur vie, utilisant ses idéaux et son langage pour éviter les souffrances et les difficultés de l'existence, comme j'avais tenté de le faire, recherchant dans les temples, les églises et les monastères des « effets spéciaux ».

page(s) 20
• Présence et de simplicité vivifient notre chemin

À mesure que les qualités de présence et de simplicité imprègnent davantage notre vie, notre amour intime de la terre et de tous les êtres peut s'exprimer et vivifier notre chemin.

page(s) 29
• Les cœurs résonnent

Lorsqu'une personne débordant de panique ou de haine entre dans une pièce, nous le ressentons immédiatement et, à moins d'être très vigilants, sa négativité va commencer à prendre le dessus sur notre propre état. Quand quelqu'un dont le visage exprime la joie pénètre quelque part, nous pouvons également le ressentir. Et quand nous percevons la bonté de ceux qui nous entourent, la dignité qui est en eux entre en résonance avec notre admiration et notre respect.

page(s) 41-42
• Une science de l’esprit

[J]'aimerais souligner un point que le dalaï-lama ne cesse de répéter : « Les enseignements bouddhistes ne sont pas une religion, ils sont une science de l’esprit. » Cela ne remet pas en cause le fait que, pour beaucoup de gens à travers le monde, le bouddhisme en soit arrivé à remplir également une fonction religieuse. Comme la plupart des religions, il propose à ses adeptes une riche tradition de pratiques dévotionnelles, de rituels collectifs et de récits sacrés. Mais ce n'est ni l'origine du bouddhisme ni son essence. Le Bouddha était un être humain, pas un dieu, et il a offert à ses disciples des enseignements et des pratiques fondés sur l'expérience, une façon révolutionnaire de comprendre la souffrance et de s'en libérer.

page(s) 28-29