sacré

Extraits étiquetés avec : sacré

  • Habiter la terre en poète

    Habiter la terre en poète ne peut se faire sur des idées. En avançant que l’être au monde de l’homme se fonde en une sensibilité (au milieu) avant même que d’être pensé, Berque ne se trompe pas. Mais l’homme est un être métaphysique avant tout. Sa sensibilité la plus fine s’émeut de trouver, dans ce monde même, un au-delà du monde. Il l’appelle la beauté, le sacré, le numineux, et derrière la vanité des mots, il y a bien quelque chose. La géographie, ici, nous est moins utile qu’une sensibilité cosmopoétique qui, plus que de la pensée, procède du corps propre.

    Le fin mot, en la matière, n’est-il pas que la poésie, comme la mystique, ne sera jamais une affaire collective ? La culture lettrée d’Extrême-Orient, précisément, est profondément marquée d’anachorétisme. Seul, assis sous l’arbre de la bodhi, au moment où il s’éveille, le Bouddha entre en coïncidence avec tous les êtres. Et non inversement. Habiter la terre en poète, de quelque façon, ne va pas sans transcender l’enfermement dans la condition humaine.Voilà ce que, dans le zen

    Couverture de Écotopia
    page(s) 145
  • Deuxième naissance à un univers agrandi

    Ce sont les rites qui permettent d'intégrer la nature, la mort et le sacré et de ne pas rester dans la dépendance des seuls liens familiaux et sociaux. Quand seule la dimension d'actualité est prise en compte, les jeunes restent englués dans la dépendance familiale, la convention sociale. La « rampe de lancement » qu'est l'initiation s'est trouvée supprimée. La deuxième naissance à un univers agrandi est comme éradiquée du projet collectif.

    Couverture de N’oublie pas les chevaux écumants du passé
    page(s) 35-36
  • Assumer sa responsabilité d'homme

    Quand la structure sociale ne peut plus refléter un ordre sacré, l'homme doit faire retraite en lui-même et entretenir un rapport direct et personnel à cette dimension. Telle est actuellement la situation dans laquelle nous nous trouvons : alors que l'enseignement le plus ultime est présenté publiquement, il n'existe plus aucune situation sociale le préservant et lui donnant un terrain propice pour qu'il puisse prendre corps.

    La détresse qui en résulte recèle néanmoins des ferments de salut. Chacun a désormais le devoir d'assumer sa responsabilité d'homme, situation que Heidegger, à la suite de Kierkegaard, décrit comme marquée par le sceau de l'angoisse – angoisse pensée non pas négativement mais comme l'élément de dévoilement de notre liberté, responsabilité insurmontable dont on n'est jamais complètement quitte. Une telle épreuve n'a rien de psychologique, mais elle renvoie au devoir, pour chacun, d'être le centre de sa propre vie – un centre qui ne soit ni fixé une fois pour toutes ni ce par rapport à quoi tout s'oriente, mais que chacun de nous avons à être, un centre non fixe, en expansion, « centrifuge », fondamentalement ouvert et « vide ».

    Couverture de Chögyam Trungpa
    page(s) 30-31
  • La parole de Chögyam Trungpa

    [L]a parole de Chögyam Trungpa […] détruit toutes nos idées reçues sur ce qu'est le spirituel.

    Elle détruit l'idée que le sacré constituerait un ordre supérieur au profane : la sainteté se déploie partout, même dans les actes les plus quotidiens et les plus simples.

    Elle détruit notre souci de distinguer le spirituel, l'art et la politique : on ne peut gagner l'un sans les deux autres.

    Elle détruit l'idée que le fait d'appartenir à une religion puisse nous donner un sentiment de supériorité, attitude qui relève du matérialisme spirituel et trahit l'emprise de l'ego.

    Elle détruit la mièvrerie spirituelle faite de bons sentiments et de conseils naïfs : elle nous invite à penser plus rigoureusement, à pratiquer plus intensément, à nous ouvrir pour de bon.

    Elle détruit toute forme de moralisme : le bouddhisme invite à sauter dans le feu du ciel, nullement à nous infantiliser en nous disant ce que nous devrions faire.

    Elle détruit enfin la croyance qu'une discipline spirituelle comme la méditation vise à nous donner une sécurité : elle apprend au contraire à habiter joyeusement l'incertitude, à demeurer dans la brèche de l'inhabituel. Là réside la sainteté.

    Couverture de Chögyam Trungpa
    page(s) 14
  • Ce qui nous manque

    Les cultures orientales n'ont pas mené une guerre contre tout ce qui n'est pas régi par l'ordre de la rationalité calculante – et ont su garder le sens du sacré et des rituels, le souci du corps et de l'affection. Voilà ce qui nous manque.

    Couverture de ABC du bouddhisme
    page(s) 17
  • Ce qui est sacré

    Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c'est ce qui, dans un être humain, est impersonnel.

    Tout ce qui est impersonnel dans l'homme est sacré, et cela seul. […]

    Ce qui est sacré dans la science, c'est la vérité. Ce qui est sacré dans l'art, c'est la beauté. La vérité et la beauté sont impersonnelles.

    Couverture de La personne et le sacré
    page(s) 34-36