La méditation bouddhiste consisterait à faire le vide, entend-on souvent en Occident. L'expression a une connotation péjorative pour ceux qui croient déceler dans le bouddhisme une forme de nihilisme. Pour eux, les méditants entendraient, par cet artifice, s'abîmer dans un néant intérieur ou simplement s'échapper du monde.
L'expression peut, au contraire, être chargée d'une éminente positivité dans certaines reconfigurations occidentales où le bouddhisme, débarrassé de ses aspects spirituels, est présenté comme une méthode de bien-être. La méditation serait alors le meilleur moyen de se ménager un espace de tranquillité au milieu des vicissitudes du monde moderne.
Dire que la méditation permet de faire le vide rend peu justice, en réalité, à la proposition faite ; au demeurant, aucune école n'enseigne l'anesthésie mentale. Malgré ses multiples variantes et méthodes, la méditation bouddhiste sert une entreprise fondamentale : comprendre les ressorts qui gouvernent sa propre identité. Une telle compréhension nécessite un retour à soi et une tranquillité dans l'espace méditatif, mais la méditation ne se confond pas avec le calme de l'esprit, le calme est simplement la condition indispensable à ce travail intérieur. [Éric Rommeluère]